Essayer de rétablir le lien. Le gouvernement a organisé ce lundi 15 juin la première rencontre de l'"instance de dialogue" censée renforcer le lien avec les musulmans de France. Responsables de fédérations, recteurs de mosquées, imams, aumôniers, théologiens, islamologues et personnalités de la société civile étaient ainsi invités à participer à des réunions et des tables rondes.
A l'occasion de cette actualité, Dalil Boubakeur, président sortant du Conseil français du culte musulman (CFCM) et recteur de la grande mosquée de Paris, était l'invité de la matinale d'Europe 1. Interrogé sur divers sujets ayant trait à l'islam de France, Dalil Boubakeur a également été questionné sur le manque de lieux de cultes pour les musulmans.
A la question de savoir s'il fallait transformer des églises abandonnées en mosquées pour pallier ce manque, Dalil Boubakeur a répondu qu'il s'agissait d'une option envisageable. "C'est le même Dieu, ce sont des rites qui sont voisins, fraternels et je pense que musulmans et chrétiens peuvent coexister et vivre ensemble", a-t-il indiqué. Mais concrètement, transformer un lieu de culte catholique en lieu de culte musulman, est-ce possible?
Toutes les églises n'ont pas le même propriétaire
Pour répondre à cette question, il faut se demander à qui appartiennent les églises. Et c'est dans la loi de 1905 que se trouve la réponse. La règle est très simple. Tous les édifices construits ou acquis avant la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat sont la propriété de l'Etat. Les églises et leur entretien sont à la charge des communes, et seules les cathédrales sont sous la responsabilité directe de l'Etat.
Quant aux lieux de culte édifiés après 1905, ils appartiennent au patrimoine de l'Eglise et sont gérés par des associations cultuelles qui relèvent en principe du diocèse.
Or, lorsqu'une église est propriété de l'Etat, ce dernier à certaines obligations, notamment celle de mettre l'édifice à la disposition des croyants. Comme le souligne le site du diocèse d'Annecy, "cette propriété publique est grevée d’une sorte d’'usufruit cultuel', puisque ces biens sont affectés au culte catholique, à l’exclusion de tout autre". Difficile donc de transformer une église datant d'avant la loi de 1905 en mosquée.
En revanche, ce "transfert de culte" pourrait être envisagé pour un édifice datant d'après 1905, à condition que l'Eglise souhaite s'en séparer. C'est un cas de figure qui s'est présenté à plusieurs reprises ces dernières années. Faute de moyens pour les entretenir, l'Eglise a vendu plusieurs lieux de cultes peu fréquentés ou abandonnés. En 2013, le diocèse de Bordeaux a par exemple mis en vente deux églises sur le Bon Coin pour financer la rénovation d'un autre édifice. Plus récemment, c'est une église en Haute-Saône qui a été mise en vente, également sur Le Bon Coin, pour un peu moins de 200.000 euros.
Possible mais polémique
Le destin de ces églises vendues est variable. Rachetées par des particuliers, elles peuvent être transformées en logements ou en commerces. Ou en un autre lieux de culte si elles deviennent la propriété d'une association cultuelle d'une autre confession. C'est ce qui avait failli se passer pour l'église Saint-Eloi à Vierzon. Une association musulmane avait signifié sa volonté de racheter l'église pour en faire une mosquée. Une éventuelle transformation qui avait donné lieu à une polémique si violente et rocambolesque que cette option a été abandonnée.
Preuve que, comme l'a lui-même souligné Dalil Boubakeur, transformer une église en mosquée est "délicat". Le recteur de la grande mosquée de Paris a cependant évoquéle cas d'une congrégation de soeurs à Clermont-Ferrand qui avait mis à disposition, à titre gracieux, une chapelle inoccupée pour la communauté musulmane. Délicat, mais pas impossible donc.
....
Source : LeHuffPost | Par Sara Taleb
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire