jeudi 9 juillet 2015

L'extraordinaire histoire de Monique Séka et Aly Badara Diakité

monique seka à ABD
A l’occasion des 19 ans de la disparition du célèbre animateur culturel guinéen, Aly Badara Diakité communément appelé A.B.D et en prélude à la commémoration de ses 20 années d’adieu, l’artiste ivoirienne Monique Séka a rendu un vibrant hommage à cet homme qui l’a toujours aimé de son vivant de par son talent artistique et qu’elle n’a connu qu’après son décès.

Il s’agit d’un single de 2 minutes titré « A.B.D, Yako », chanté par la « Missounwa » de notre regretté dans différentes langues du terroir à savoir : le soussou, le malinké, le pular et le guerzé. Ecrit par l’artiste guinéenne, Oumou Dioubaté, la star ivoirienne Séka a su bien l’interpréter avec sa sublime voix, prononçant impressionnament les mots comme tout bon guinéen.

Pourquoi un titre pour ABD?
L’animateur, formé en Côte d’Ivoire, était rentré en Guinée dans la deuxième moitié des années 80. Inspiré par son idole de toujours, l’animateur ivoirien Fulgence Kassy, ABD avait lancé, en grande fanfare, l’émission musicale Africa Dance sur le modèle des émissions de Kassy en Côte d’Ivoire. Ainsi, tous les samedis, à 9 heures 5mn trébuchantes, ABD captivait les audiences et partageait sa passion pour la musique avec une originalité, qui générait une forme de magie contagieuse.

Rater ce rendez-vous hebdomadaire était impensable ! Les maîtres d’école s’étaient même fait une raison et plutôt que de sévir ils finissaient par rejoindre leurs élèves, autour d’un poste de radio, lorsque tous sortaient de classe au lancement du générique annonçant la diffusion de l’émission. Et ce générique représentera un lien supplémentaire entre ABD et la Côte d’Ivoire. L’animateur ne cessera de bâtir des ponts entre sa terre natale et ce pays d’adoption voisin, qui l’avait tant inspiré.

Pendant huit ans, le tube « Missounwa » de l’ivoirienne Monique Seka est resté l’unique générique d’Africa Dance. Du lancement de l’émission en 1988 jusqu’à la dernière diffusion en 1996, ce grand succès -qui a défini le style afrozouk -est devenu, grâce à la popularité d’Africa Dance, une sorte d’hymne national bis en Guinée. ABD avait à ce point inscrit « Minsounwa » dans la conscience collective, que les guinéens adoptèrent Monique Seka comme faisant partie du patrimoine culturel national et comme une partie-intégrante d’Africa Dance. La fidélité d’ABD pour ce titre et son interprète alimentade nombreuses rumeurs – et quelques phantasmes – sur une supposée liaison romantique, de longue distance, entre la chanteuse et l’animateur.
Ironie du sort, Monique Seka et ABD ne se sont en fait jamais rencontrés.
Très touchée par toute cette affection guinéenne, Monique Seka (actuellement en Guinée dans le cadre d’une visite de solidarité, de soutien et de sensibilisation face à l’épidémie d’Ebola, qui sévit dans 3 pays) a tenu à rendre un hommage posthume à celui qui a fait d’elle une icône en Guinée. Elle est entrée en studio, à Conakry, pour enregistrer un hommage à ABD en réalisant un titre, qu’elle vient de composer avec la cantatrice Oumou Dioubaté et le doyen Papa Kouyaté, batteur légendaire et gendre de la grande et regrettée Miriam Makeba.


Le morceau intitulé ‘’ABD, Yako !’’ est sorti courant avril pour coïncider avec le 19ème anniversaire de la disparition d’ABD, le 4 mai. Monique prendra part au mois de mai à un gala de collecte de fonds pour lutter contre Ebola. Ce sera l’occasion pour elle de faire part de toute sa reconnaissance envers le pays de son ‘’mari radiophonique’’. Ce bel hommage est plus que mérité. ABD était, de son vivant, un véritable trait d’union entre toutes les filles et tous les fils de Guinée. Ses messages d’unité, de fraternité et de gaîté parlaient à tous. En l’écoutant, on oubliait les appartenances politiques et autres distinctions ethniques ou régionales. Les jeunes s’identifiaient à lui et il savaitles tenir en haleine, tous unis par la musique.

Surnommé Gonzalo par ses intimes, ABD avait développé une relation très personnelle avec son public. Il leur avait ainsi apprisque le samedi, jour de diffusion de son émission, était un jour sacré tout au long duquel son véritable nom ne devait en aucune façon être prononcé. Les guinéens aiment encore se rappeler qu’ils se prêtaient volontiers à son jeu et l’imitaient en ne se référant eux aussi à lui, les samedis, que par : N’ga Sayon Khady, signifiant fils de N’ga Sayon en langue Sousou.

Un grand merci à Monique Seka, la « Missounwa » d’ABD venue le faire revivre, à l’approche de la date anniversaire de son décès. En disant ‘’Yako !’’ à celui dont la mort a tant touché la Guinée, c’est au pays tout entier endeuillée par le virus Ebola que la sœur ivoirienne témoigne sa compassion et son affection.
Alors depuis ta tombe, tu veilleras bien recevoir les gentils mots chantés par ton idole, Monique Séka. Dors en paix !

Source :visionguinee.info

https://youtu.be/xvQQwHejVEE

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