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monique seka à ABD |
A l’occasion des 19 ans de la disparition du célèbre
animateur culturel guinéen, Aly Badara Diakité communément appelé A.B.D et en
prélude à la commémoration de ses 20 années d’adieu, l’artiste ivoirienne
Monique Séka a rendu un vibrant hommage à cet homme qui l’a toujours aimé de
son vivant de par son talent artistique et qu’elle n’a connu qu’après son
décès.
Il s’agit d’un single de 2 minutes titré « A.B.D, Yako »,
chanté par la « Missounwa » de notre regretté dans différentes langues du
terroir à savoir : le soussou, le malinké, le pular et le guerzé. Ecrit par
l’artiste guinéenne, Oumou Dioubaté, la star ivoirienne Séka a su bien
l’interpréter avec sa sublime voix, prononçant impressionnament les mots comme
tout bon guinéen.
Pourquoi un titre pour ABD?
L’animateur, formé en Côte d’Ivoire, était rentré en
Guinée dans la deuxième moitié des années 80. Inspiré par son idole de
toujours, l’animateur ivoirien Fulgence Kassy, ABD avait lancé, en grande
fanfare, l’émission musicale Africa Dance sur le modèle des émissions de Kassy
en Côte d’Ivoire. Ainsi, tous les samedis, à 9 heures 5mn trébuchantes, ABD
captivait les audiences et partageait sa passion pour la musique avec une
originalité, qui générait une forme de magie contagieuse.
Rater ce rendez-vous hebdomadaire était impensable ! Les
maîtres d’école s’étaient même fait une raison et plutôt que de sévir ils
finissaient par rejoindre leurs élèves, autour d’un poste de radio, lorsque
tous sortaient de classe au lancement du générique annonçant la diffusion de
l’émission. Et ce générique représentera un lien supplémentaire entre ABD et la
Côte d’Ivoire. L’animateur ne cessera de bâtir des ponts entre sa terre natale
et ce pays d’adoption voisin, qui l’avait tant inspiré.
Pendant huit ans, le tube « Missounwa » de l’ivoirienne
Monique Seka est resté l’unique générique d’Africa Dance. Du lancement de
l’émission en 1988 jusqu’à la dernière diffusion en 1996, ce grand succès -qui
a défini le style afrozouk -est devenu, grâce à la popularité d’Africa Dance,
une sorte d’hymne national bis en Guinée. ABD avait à ce point inscrit «
Minsounwa » dans la conscience collective, que les guinéens adoptèrent Monique
Seka comme faisant partie du patrimoine culturel national et comme une
partie-intégrante d’Africa Dance. La fidélité d’ABD pour ce titre et son
interprète alimentade nombreuses rumeurs – et quelques phantasmes – sur une
supposée liaison romantique, de longue distance, entre la chanteuse et
l’animateur.
Ironie du sort, Monique Seka et ABD ne se sont en fait
jamais rencontrés.
Très touchée par toute cette affection guinéenne, Monique
Seka (actuellement en Guinée dans le cadre d’une visite de solidarité, de
soutien et de sensibilisation face à l’épidémie d’Ebola, qui sévit dans 3 pays)
a tenu à rendre un hommage posthume à celui qui a fait d’elle une icône en
Guinée. Elle est entrée en studio, à Conakry, pour enregistrer un hommage à ABD
en réalisant un titre, qu’elle vient de composer avec la cantatrice Oumou
Dioubaté et le doyen Papa Kouyaté, batteur légendaire et gendre de la grande et
regrettée Miriam Makeba.
Le morceau intitulé ‘’ABD, Yako !’’ est sorti courant
avril pour coïncider avec le 19ème anniversaire de la disparition d’ABD, le 4
mai. Monique prendra part au mois de mai à un gala de collecte de fonds pour
lutter contre Ebola. Ce sera l’occasion pour elle de faire part de toute sa
reconnaissance envers le pays de son ‘’mari radiophonique’’. Ce bel hommage est
plus que mérité. ABD était, de son vivant, un véritable trait d’union entre
toutes les filles et tous les fils de Guinée. Ses messages d’unité, de
fraternité et de gaîté parlaient à tous. En l’écoutant, on oubliait les
appartenances politiques et autres distinctions ethniques ou régionales. Les
jeunes s’identifiaient à lui et il savaitles tenir en haleine, tous unis par la
musique.
Surnommé Gonzalo par ses intimes, ABD avait développé une
relation très personnelle avec son public. Il leur avait ainsi apprisque le
samedi, jour de diffusion de son émission, était un jour sacré tout au long
duquel son véritable nom ne devait en aucune façon être prononcé. Les guinéens
aiment encore se rappeler qu’ils se prêtaient volontiers à son jeu et
l’imitaient en ne se référant eux aussi à lui, les samedis, que par : N’ga
Sayon Khady, signifiant fils de N’ga Sayon en langue Sousou.
Un grand merci à Monique Seka, la « Missounwa » d’ABD
venue le faire revivre, à l’approche de la date anniversaire de son décès. En
disant ‘’Yako !’’ à celui dont la mort a tant touché la Guinée, c’est au pays
tout entier endeuillée par le virus Ebola que la sœur ivoirienne témoigne sa
compassion et son affection.
Alors depuis ta tombe, tu veilleras bien recevoir les
gentils mots chantés par ton idole, Monique Séka. Dors en paix !
Source :visionguinee.info